Franc-Maçonnerie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

La Franc-maçonnerie, une organisation fraternelle présente dans le monde entier, est souvent décrite comme "un système de morale particulier voilé dans des allégories et illustré par des symboles." Ses membres sont liés par de hauts idéaux, tant éthiques que métaphysiques (et, dans la majorité des branches, en la croyance en un Être Suprême). La Franc-maçonnerie est une pratique ésotérique, puisque certains aspects ne sont généralement pas révélés au public. Il y a plusieurs raisons à cela, l'une étant que la Franc-maçonnerie utilise un système d'initiation par degrés pour explorer les problèmes éthiques, et ce système serait moins efficace si un observateur pouvait savoir à l'avance ce qui va se passer.

On attend des Francs-Maçons qu'ils fassent preuve de tolérance religieuse et politique, aussi bien dans leur "loge" (le lieu de rencontre d'un groupe de Francs-maçons) que dans leur vie courante. La Franc-maçonnerie accepte les membres de toutes les formes de Christianisme, ainsi que toutes les autres religions comme le Judaïsme, l'Islam, le Bouddhisme, etc... Dans les branches dérivant de la Franc-maçonnerie française, les athées et les agnostiques sont aussi acceptés sans réserve. La Franc-maçonnerie anglaise et ses dérivés (qui forment la plus grande partie du monde franc-maçonnique) requièrent la croyance en un "Être Suprême" ou "Grand Architecte de l'Univers". Mais, même là, certains possèdent un haut degré de non-dogmatisme, et le terme "Grand Architecte" est interprété de façon très diverse, parfois en incluant des visions traditionnelles de "Dieu" ou de la Nature, dans le sens de Spinoza et Goethe, où des visions athées de "réalité ultime" ("Ultimate Reality") ou d'unité cosmique comme on peut en trouver dans certaines religions orientales et dans l'idéalisme occidental (ou pour cette raison, dans la cosmologie moderne). Certaines autres juridictions (principalement Nord-Américaines) ne sont pas aussi tolérantes envers les religions naturalistes et humanistes, et certains exigences religieuses supplémentaires, avec un ton plus théiste, ont été ajoutées depuis le début du XIXe siècle, incluant dans certaines juridictions la croyance en l'immortalité de l'âme. La Franc-maçonnerie qui prédomine en Scandinavie accepte uniquement les chrétiens.

Bien qu'il existe un nombre important de juridictions maçonniques, toutes très différentes dans leurs pratiques et leurs façons de voir la Franc-Maçonnerie, on peut néanmoins les répartir en deux branches principales. Dans l'ensemble, les juridictions faisant partie de la même branche coexistent amicalement, et se reconnaissent mutuellement comme des entités maçonniques normales. Si on devait nommer ces deux branches de la Franc-Maçonnerie, on pourrait leur donner le surnom approximatif de branches française et anglaise, bien que ce soit une vision réductrice des choses. Dans la branche anglaise, la plus ancienne juridiction maçonnique et la Grande Loge Unie d'Angleterre (United Grand Lodge of England), fondée en 1717. Dans la branche française, c'est la loge du Grand Orient de France, apparue en 1728. Il fut une époque où ces deux loges se reconnaissaient mutuellement, mais la plupart des juridictions cessèrent leurs relations avec la loge du Grand Orient de France après que celle ci commença à accepter des athées parmi ses membres, en 1877, évènement déclencheur du schisme entre les deux branches. Dans la plupart des pays latins, c'est la Franc-Maçonnerie de la branche française (ou continentale) qui prédomine, alors que le reste du monde tend plutôt à suivre la branche anglaise. Dans certains pays, toutefois, les deux mouvements coexistent, soit dans une relation amicale de compréhension mutuelle, soit avec des rapports plus tendus.

Si les différents styles de Franc-Maçonnerie à travers le monde diffèrent dans de nombreux domaines, ils tendent tous plus ou moins vers le non-dogmatisme, tout en demeurant néanmoins souvent dans des limites bien définies. Cette ouverture créa des frictions entre les francs-maçons et les organisations qui voient l'oecuménisme d'un mauvais oeil, ou qui insistent sur l'intolérance envers les autres formes de croyance.

Bien que les francs-maçons aient subi l'opposition de nombreux groupes, tels que les protestants conservateurs ou les musulmans radicaux, la principale opposition vint de l'Église Catholique. La première condamnation papale de la Franc-Maçonnerie tomba en 1738, par le pape Clément XII, dans la bulle papale Eminenti Apostolatus Specula qui fut reprise par plusieurs de ses successeurs, dont le pape Léon XIII dans l'encyclique Humanum Genus. En 1917, le code de la loi canonique déclare explicitement que l'appartenance à une loge maçonnique entraîne l'excommunication automatique; le code révisé de 1983 ne cite plus explicitement la Franc-Maçonnerie parmi les sociétés secrètes condamnées par la loi canonique de 1374. Toutefois, dans une déclaration de la Congrégation Sacrée pour la Doctrine et la Foi du 26 novembre 1983, approuvée par le Pape, l'interprétation était clarifiée : l'interdiction aux catholiques de rejoindre la Maçonnerie demeure d'actualité. La raison généralement invoquée pour justifier cette opposition est que Église Catholique considère la Franc-Maçonnerie comme une religion naturalisée.

Les instances catholiques ne sont pas les seules à s'opposer à la franc-maçonnerie. L'une des raisons de la création de Église Méthodiste Libre, en 1860, était que ses fondateurs pensaient que Église Méthodiste était influencée par les francs-maçons et les membres d'autres sociétés secrètes. Église Méthodiste Libre continue d'ailleurs à interdire à ses membre de faire partie de sociétés telles que la Franc-Maçonnerie. Récemment encore, la Southern Baptist Convention, la plus importante association baptiste des États-Unis, déclara elle aussi que l'appartenance à la Franc-Maçonnerie était incompatible avec ses croyances.

La position de la Femme dans la Franc-Maçonnerie est complexe. En Grande-Bretagne et en France, ainsi qui dans de nombreux autres pays, les femmes rejoignent généralement des loges comme Le Droit Humain, mixte, ou des loges uniquement féminines. Dans d'autres pays (en particulier en Amérique du Nord), il est plus commun que les femmes ne rejoignent pas la Franc-Maçonnerie directement mais des associations distinctes, comportant leurs propres traditions, comme l'Ordre de l'Étoile de l'Est. Les Franc-Maçonneries continentales (c'est-à-dire proches du Grand Orient de France) reconnaissent généralement les loges mixtes et féminines. Cependant, si le Grand Orient de France reconnaît les loges féminines, il n'accepte pas les femmes en son sein. La Franc-Maçonnerie anglaise (c'est-à-dire proche de la Grande Loge Unie d'Angleterre) ne reconnaît aucun groupe acceptant les femmes, bien que dans de nombreux pays il y ait une tolérance à l'égard de groupes plus ouverts. La Grande Loge Unie d'Angleterre reconnaît ainsi depuis 1998 certaines loges mixtes, à l'exception de leur acceptation des femmes. Ainsi, la Grande Loge considère qu'ils doivent être vus comme faisant partie de la Franc-Maçonnerie, bien que non reconnus officiellement comme tels. La position de la femme dans la Franc-Maçonnerie change rapidement dans le monde anglo-saxon. Bien que l'Amérique de Nord suive généralement les recommandations du dirigeant anglais sur le problème de la Femme, c'est là-bas que se concentre principalement la résistance à l'acception des femmes.

La Franc-Maçonnerie est liée à plusieurs mouvements annexes, tels que le Scottish Rite ("Rite Écossais"), le York Rite ("Rite de York"), ou l' Ancien Arabic Order of the Nobles of the Mystic Shrine ("Ancien Ordre Arabe des Nobles du Sanctuaire (ou Reliquaire) Mystique") -- les shriners -- qui affirment tous étendre les enseignements maçonniques traditionnels tout en tentant d'améliorer leurs membres ainsi que l'ensemble de la Société maçonnique. Les relations que les différentes loges maçonniques traditionnelles entretiennent avec ces organisations varient d'une juridiction maçonnique à l'autre.

Il faut également citer les mouvements de jeunesse associés à la Franc-Maçonnerie, bien qu'ils ne soient pas maçonniques dans leur contenu : l'Ordre de DeMolay (pour les garçons de 12 à 21 ans), et les Filles de Job (pour les filles de 12 à 21 ans). Ce sont des mouvements principalement présents en Amérique du Nord.

La Franc-Maçonnerie fut l'objet de nombreuses attaques tout au long de son histoire, parmi lesquelles on peut citer l'affaire du canular de Taxil. Aujourd'hui encore, elle est généralement très mal vue par l'extrême droite ; ainsi en France le Front National se déclare ouvertement ennemi du Grand Orient qu'il accuse de comploter et contrôler le pays.

Les Franc-Maçons utilisent beaucoup le symbolisme architectural lié à leurs supposés prédécesseurs du Moyen-Âge qui travaillaient effectivement la pierre. Un de leurs symboles principaux est l'équerre et le compas, arrangés en forme de quadrilatère. (** An expression often used in Masonic circles is "to be on the square", meaning to be a reliable sort of person, and this has entered common usage. The practice of Freemasonry is known by its adherents as "The Craft". **)

Beaucoup de non-Maçons pensent à tort qu'on devient Franc-Maçon par invitation, héritage, ou autres moyens non démocratiques. C'est faux; un individu doit postuler librement et sans avoir été persuadé de devenir Franc-Maçon, pour rejoindre le groupe. Les Francs-Maçons sont enjoints d'éviter de persuader ou d'encourager quiconque à joindre une Loge, si ce n'est par leur bon exemple.

Un épisode de la série télévisée des Simpsons a gravité autour des "Coupeurs de pierre" (Stonecutters), une satire évidente de la Franc-Maçonnerie et d'organisations similaires. Malheureusement cet épisode a promu l'idée que pour joindre le groupe, il fallait "... être le fils d'un ... [franc-maçon] ou sauver la vie d'un ... [franc-maçon]", ce qui est faux.

Pour devenir franc-maçon, il faut:

  • être de sexe masculin (à moins d'intégrer une loge associée ou une loge de femmes);
  • croire en un Être suprême, ou dans certaines branches en un Principe créateur (à moins d'intégrer une loge adogmatique, sans pré requis religieux);
  • avoir un âge minimum (entre 18 et 25 ans, selon les loges);
  • être né libre (c'est-à-dire ne pas être né esclave).
Cette dernière condition n'a pas d'impact sur les loges modernes, et on ne sait pas si elle serait imposée ou non le cas échéant, mais reste citée pour des raisons historiques. Beaucoup de Maçons l'ont réinterprétée comme la nécessité d'être "libre de préjugés", ouvert à la croissance personnelle et à apprendre de nouvelles choses.

Beaucoup de non-maçons croient que les Franc-Maçons sont impliqués dans l'invocation (théurgie) et l'adoration de puissances surnaturelles, et membres d'un vaste réseau social construit dans l'intérêt de ses membres. Ainsi, de nombreuses théories du complot impliquent des Franc-Maçons.

Mozart, dans son opéra La Flûte Enchantée, fait grand usage du symbolisme de la franc-maçonnerie.

 

Histoire

On a prétendu que la franc-maçonnerie était un prolongement institutionnel des corporations de maçons du Moyen Âge(1), un descendant direct des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (c'est-à-dire les Templiers)(2), un dérivé des anciennes écoles initiatiques (?? traduction de Mystery schools ??)(1), la branche administrative du Prieuré de Sion(3), le Collegia romain, les Maîtres de Comacine(1), les descendants intellectuels de Noé(1), et ainsi de suite ... Toutes ces théories apparaissent dans divers textes, et les ouvrages cités ci-dessous ne sont que quelques exemples parmi une multitude :

  1. A History of Freemasonry, par H.L. Haywood et James E. Craig, publié vers 1927;
  2. Born of Blood par John Robinson, 1989;
  3. The Holy Blood and The Holy Grail par Michael Baigent, Richard Leigh, et Henry Lincoln, 1982.

Il est probable que la franc-maçonnerie ne soit pas un prolongement des corporations médiévales de maçons, pour de nombreuses raisons bien documentées par John Robinson, dans son livre Born in Blood. Parmi ses arguments, on peut citer le fait que les corporations de maçons ne semblent pas être antérieures à l'époque qui - selon des estimations raisonnables - a vu l'apparition de la franc-maçonnerie. De plus, les maçons vivaient près de leur lieu de travail, et n'avaient donc pas besoin de signes secrets pour se reconnaître. Enfin, les "Old Charges" des franc-maçons n'auraient pas de sens si on devait les appliquer aux corporations de maçons.

Certains soutiennent que la franc-maçonnerie existait déjà au temps du roi Athelstan d'Angleterre, c'est-à-dire à la fin du Xe siècle. Athelstan aurait été converti au christianisme à York, et y aurait publié la première charte des loges maçonniques. Mais à l'heure actuelle, cette théorie n'est pas confirmée.

Un document plus sérieux (mais toutefois pas irréfutable) en faveur de l'ancienneté des origines de la maçonnerie est le manuscrit Halliwell, également appelé poème Regius (?? traduction de Regius Poem ??), qui aurait été rédigé vers 1390, et fait référence à certains concepts et certaines expressions que l'on retrouve dans la franc-maçonnerie. Le manuscrit fait lui-même référence à un texte plus ancien, dont il est censé être une élaboration.

En 1717, quatre Loges londoniennes se mirent ensemble et formèrent la première Grande Loge (cf (2)). Ce groupe sera plus tard appelé, informellement, les Modernes. Plus tard se forma une autre Grande Loge, groupe appelé informellement les Anciens. Le schisme ainsi créé fut résolu par la réunion des deux Grandes Loges sous le nom de Grande Loge Unie d'Angleterre (United Grand Lodge of England) en 1813. Les Anciens étaient basés à York, et prétendaient que leur version du rituel maçonnique était plus fidèle aux anciennes traditions.

Du fait que les Anciens et les Modernes avaient essaimé des loges à travers le monde entier au cours du XIXe siècle, et que beaucoup de ces loges existent encore actuellement, il existe dorénavant une grande variété de façons de pratiquer le Rituel. Néanmoins, la plupart des loges essaient de suivre un rite établi, tels que le 'Yord Rite (populaire aux États-Unis), ou le Canadian Rite (qui est en quelque sorte une combinaison des rites suivis par les Anciens et les Modernes'').

En 1775, un afro-américain du nom de Prince Hall fut introduit au sein de la Irish Constitution Military Lodge, et avec lui quatorze autres afro-américains, tous nés libres (de l'esclavage). Quand la Military Lodge quitta la région, ces quinze hommes noirs reçurent l'autorisation de se réunir en loge, d'organiser des processions à fête de la Saint-Jean, de procéder à des funérailles maçonniques, mais not to confer degrees, ni entreprendre d'autres travaux maçonniques.

 

Liens externes

 

  • Déclaration du 26 novembre 1983 de Église Catholique sur l’incompatibilité entre l’appartenance à l’église et la franc-maçonnerie

 

Retour au 29 mai

         Biographie

     Calendrier

               Index