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Comment le plus grand paquebot du monde, conçu et dessiné pour résister
72 heures à la pire des catastrophes, a-t-il sombré en moins de trois ?
Lors des plongées effectuées sur l'épave depuis 1996, on observa grâce
à un sonar, qu’il n’y avait eu ni fracture ni déchirure. Les 6
ouvertures latérales sur le flanc tribord du Titanic dues au choc avec
l’iceberg montraient en fait que les joints entre les plaques avaient
sauté.
On retrouva d’ailleurs des rivets, certains ayant sans doute été
arrachés de la coque, car leur partie aplatie avait disparu. Ces rivets
furent confiés au Dr Timothy Foecke, expert métallurgiste américain du
Laboratoire de sciences et techniques des matériaux de l'Institut
national de technologie (organisme gouvernemental américain, installé à
Gaithersburg, Maryland). Il étudia leur structure et leur composition en
mettant en oeuvre des moyens d'analyse sophistiqués : métallographie
microscopique, spectrographie aux rayons gamma ou réactions chimiques de
surface.
Le détail qui tue
Les scories sont des impuretés provenant de la fonte du minerai. Pour
renforcer le fer forgé, un faible pourcentage de scories est nécessaire
et, en revanche, un excès de scories le rend fragile et cassant.
Des rivets normaux contiennent 2 % de scories; les rivets analysés en
contiennent en moyenne 9,3 % (19 rivets sur 48 analysés présentent un
excès de scories, dont certains un taux de 17 %). La coupe transversale
d'un rivet montre que les scories sont réparties sur toute la longueur et
que le fil (la direction des fibres) tourne brutalement à angle droit par
rapport à l’axe de la tige, constituant une zone de grande fragilité.
Ces résultats montrent que l'impact de l'iceberg n'a pas provoqué
d’entailles sur le flanc tribord du navire comme on l’a longtemps pensé,
mais qu'il a probablement fait sauter des rivets structurellement
fragiles, désassemblant ainsi des plaques de coque… et ouvrant des
voies d’eau.
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