Lundi noir
1987 – Panique sur les marchés boursiers : Le
lundi noir
Pendant plusieurs jours en octobre 1987, les marchés
boursiers de par le monde ont vu leur valeur diminuer de façon
importante. Les dommages les plus considérables ont été enregistrés
le lundi 19 octobre 1987 — d’où l’appellation « lundi noir
» — lorsque les bourses se sont effondrées. L’indice composé
du Toronto Stock Exchange (TSE 300) a chuté de 407,20 points en
cette seule journée pour s’établir à 3 191,38 à la
fermeture — perdant 11,3 % de sa valeur, soit 37 milliards
de dollars. Les investisseurs (des particuliers et des sociétés)
ont encaissé d’importantes pertes financières. Aux États-Unis,
l’indice Dow Jones a perdu 22 % de sa valeur en ce lundi noir
seulement.
À l’instar des tendances enregistrées à l’échelle
internationale, le TSE 300 connaissait, en 1987, une croissance
soutenue depuis environ cinq ans. Il indiquait tout juste au-dessus
des 3 000 points en début d’année et avait grimpé
au-delà des 4 000 points en juillet. Puis, un repli s’est
amorcé en août. Mais comment ce mouvement a-t-il provoqué des
ventes massives dans un tel vent de panique à la mi-octobre?
En général, les principales économies de la planète semblaient
prospères en 1987, et une reprise avait suivi la récession de
1981-1982 pendant cinq années consécutives. On enregistrait une
croissance de ces économies, l’inflation et le chômage fluctuant
généralement à la baisse ou demeurant stables. Toutefois, au fur
et à mesure que l’année passait, il s’est avéré que les déséquilibres
commerciaux étaient énormes et s’accentuaient parmi les
principaux pays membres de l’Organisation de coopération et de développement
économiques — les déficits des États-Unis étaient en pleine
progression; les excédents commerciaux du Japon et de l’Allemagne
croissaient à un taux similaire; le Canada, pour sa part,
enregistrait des déficits budgétaires et courants colossaux.
Très rapidement, des événements marquants
survenus à l’échelle internationale ont fait pencher la balance.
En février, le Brésil a annoncé qu’il cessait le versement des
intérêts sur sa dette extérieure, provoquant une chute de la
valeur du dollar américain et soulevant de nouveau des inquiétudes
à l’égard des taux de change. En mai, le Congrès des États-Unis
a adopté une loi sur le commerce qui a déclenché une nouvelle
vague de conflits commerciaux, compromettant ainsi les négociations
du Cycle d’Uruguay qui étaient alors menées dans le cadre de
l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT).
Avant que ne se lève un vent de panique, des déclarations de
l’administration américaine ont laissé entendre que le dollars
américain devait perdre davantage de valeur, à un rythme accentué,
pour rectifier leur déficit commercial de plus en plus élevé. Le
19 octobre, les journaux ont publié de nombreux articles faisant état
de la possibilité d’une intervention militaire américaine dans
le golfe Persique.
À ce moment-là, les économistes ont craint un fléchissement
de l’économie américaine qui aurait pu provoquer
l’effondrement de l’économie mondiale et une récession
comparable à celle des années 1981-1982. Bon nombre
d’observateurs croient maintenant que la panique du lundi noir a
simplement reflété la peur grandissante d’une perte de contrôle
à l’égard de la situation mondiale.
À la suite du lundi noir, la peur d’une récession
mondiale s’est toutefois estompée plutôt rapidement, car les
banques centrales ont réagi promptement pour soutenir les
conditions de crédit. En outre, le marché a repris confiance dans
l’économie mondiale. Les économies sont demeurées prospères
jusqu’au début des années 1990, et les marchés boursiers ont
gagné du terrain pour reprendre la valeur qu’ils avaient avant le
vent de panique. En août 1989, la valeur du TSE 300 à la
fermeture des marchés était supérieure à 4 000 points pour la
première fois depuis le lundi noir de 1987. |