Les années nonante ont été marquées par une saturation de la bande VHF 144 à 146 MHz en France. En effet, à peine monté sur une hauteur, les relais avaient tendance à se chevaucher, et un radioamateur pouvait déclencher plusieurs relais à la fois sur la même fréquence. Pour le trafic direct de poste à poste sans passer par un relais, il ne restait que 145500,145525,145550, et 145575 et ça jouait des coudes sur les canaux simplex, pour discuter. Les autres fréquences comme le 144475 étant des fréquences "réservées" pour l'Adrasec, et autour de 144500 pour la SSTV. Seule la BLU de 144200 à 144400 limites exclues avait une place confortable.

Les relais occupaient eux la bande de 145325 à 145400 inclus et pour l'entrée 144725 à 144800, plus la bande de 145600 à 145775 avec les entrées de 145000 à 145175. cela tenait beaucoup de place, 145200 à 145250 sont des entrée-sorties de relais retransmettant en UHF (vers 433MHz), 145275 et 145300 sont réservées aux modes informatique (Packet) et 145800 à 145975 aux transmissions avec les satellites.

L'idée a donc été de se mettre sur le même standard de transmission FM que les professionnels, pour mettre tous les relais entre 145600 et 145787.5 MHz avec un shift de -600KHz et un espacement entre canaux de 12.5KHz au lieu de 25. Pour cela il faut réduire la valeur de l'escursion à 2.5KHz (disons 3KHz) en émission et en réception changer les filtres de la première (455KHz) et même de la deuxième fréquence intermédiaire (en général 10.7MHz) afin de doubler la sélectivité. Si régler l'escursion est l'affaire de tourner une vis, changer les filtres est hélas sur certains appareils modernes une impossibilité (talkie-walkie trop miniaturisés).

A  l'an 2000 cette mise "aux nouvelles normes" n'a réussi que pour les relais, ce qui a libéré les bandes 145325 à 145400 et celles entre 144725 et 144800. Mais au niveau individuel cela reste encore un échec, Les constructeurs vendent encore des appareils "ancienne norme", un grand nombre de radioamateurs n'ont pas encore tourné la vis marquée "DEV" et leur qualité de modulation s'en trouve grandement altérée, saturée dans les relais. Plus grave: un radioamateur utilisant le relais du Mt Mézenc sur 145137.5 KHz perturbera également celui de Montceau-les Mines sur 145150 et celui de la Dôle sur 145125, en y créant des crépitements, en débordant de son canal (certains disent des "moustaches") qui seront gênants et empêcheront les radioamateurs arrivant faiblement dans ces relais adjacents d'y rentrer dans de bonne conditions...

En simplex le problème est le même, il y a une incompatibilité entre les radioamateurs qui ont fait la modification de leur récepteur pour le 11F3 et ceux qui perdurent à utiliser le 16F3. Ceux qui reçoivent en 16F3 trouvent que la modulation de ceux qui émettent en 11F3 est trop faible, et vite noyée dans le souffle, et ceux qui reçoivent en 11F3 reçoivent complètement haché et saturé les radioamateurs qui émettent en 16F3, d'autant plus que la norme 16F3 n'est même pas respectée: souvent les postes de certaines marques ont une escursion qui dépasse allègrement 5KHz pour atteindre jusqu'à 7.5 Khz mais surtout une BF qui au lieu d'être limitée à 3 KHz atteint 11 KHz de bande passante (cas observés sur les TH27 et TH77, et TH28 et TH78 de Kenwood), ce qui fait un canal d'émission tout simplement large de 16 KHz de trop, c'est à dire exactement le double de l'ancienne norme et le quadruple de la "nouvelle"!!!

De plus un radioamateur qui est mal entendu a tendance à hausser la voix pour se faire comprendre à tel point que ces modulations saturées sont tellement courantes qu'elles sont devenues "la norme" auditive. Pour nombre de radioamateurs une modulation non écrêtée leur parait "anémique" ou sourde (!). C'est un cas typique de déformation de l'oreille!

La seule solution valable est donc d'avoir un poste par mode!!! Un vieux tromblon pour la FM "large", et un autre adapté à la l'émission réception par les relais...

certains postes (rares) possèdent les deux FM. C'est le cas du IC706 d'ICOM et du FT736 de Yeasu. Pour le IC706 la FM la plus étroite utilise, curieusement un filtre qui est un compromis entre la réception du 11F3 et du 16F3, cela limite les dégâts dans les deux sens: il est possible de recevoir des relais adjacents, avec une sélectivité cependant moins bonne qu'un vrai poste 11F3 mais les radioamateurs 16F3 restent audibles. La solution du poste MOTOROLA M110 (poste professionnel) est la plus intéressante: le filtre est totalement conforme à la norme 11F3 mais pourtant des modulations 16F3 sont pas trop mal reçues: c'est parce qu'en fait le filtre est très plat avec des flancs très raides, solution obtenue en mettant plusieurs filtres de type G en cascade au lieu d'un seul de type H. Cela revient très cher à fabriquer et n'existe qu'en professionnel. Les postes radioamateurs n'ont qu'un seul filtre céramique (merdique ça rime. excusez moi ça m'a échappé) et tout se passe comme si il était trop large sur les signaux forts et trop étroit sur les signaux faibles, car il n'est pas "plat" mais "bossu". Moi même a choisi de mettre un filtre à quartz du type G (bande passante optimisée pour un espacement de 15KHz) dans mon FT290R, plutôt qu'un filtre céramique du type H (bande passante optimisée pour un espacement de 12.5KHz), après un essai peu concluant de ce filtre céramique, moins sélectif en pratique sur les signaux fort que le filtre à quartz pourtant plus "large". Il y a donc bel et bien une différence de qualité, heureusement car le filtre à quartz coûte 300F et le filtre en céramique 25 seulement...

Rappel: Type des filtres FM. par exemple qu'est ce qu'un CFG455E? 455 comme 455KHz,

Lettre finale E: optimisé pour un espacement de 30 KHz

F optimisé pour un espacement de 25 KHz

G optimisé pour un espacement de 15 KHz

H optimisé pour un espacement de 12.5 KHz

I optimisé pour un espacement de 10 KHz (utilisé en AM, pour le CB, pour la FM aussi sur les relais 29MHz)

Aberration: qui fait de la FM sur 29Mhz avec un filtre I??? Regardez bien l'intérieur de votre "décamétrique"! les postes vendus dans le commerce, qui font 0.1 à 30 MHz sont tous équipés en standard d'un filtre F (sauf les vieux tromblons), quand ce n'est pas un E (vu sur un IC725 d'Icom!). Aberrant car pour faire de la FM sur les relais, avec un espacement de 10KHz entre canaux c'est totalement inadapté, et le 29MHz est la seule bande de fréquence où la FM est encore utilisée. On obtient alors des meilleurs résultats avec un poste CB modifié, ou alors il faut changer le filtre du poste décamétrique en mettant au moins un filtre de type H.

Quel compromis adopter pour la FM?

Les professionnels ont choisi un espacement de 12.5 KHz et les radioamateurs, dans le passé un pas de 25 KHz. en fait il n'y avait initialement pas de pas du tout, car les postes s'ajustaient avec un vernier, et sur n'importe quelle fréquence avant la technologie du PLL qui impose des "pas" de fréquence fixe. Avant l'époque des PLL c'est à dire des postes dont la fréquence était ajustée par un condensateur variable, pas rares étaient les premières liaisons avec une FM excursionnée à 10KHz. n'empêche que il y avait néanmoins "une fenêtre de réception" large de 40KHz environ

Le choix de la déviation FM  adaptée avec la technologie des PLL par les radioamateurs, à savoir 5 KHz avec un filtre large de 16 KHz était LE meilleur compromis de qualité sonore tout en gardant une densité de puissance élevée. Cette FM permet de tolérer les erreurs de fréquences légères, de 2 voir 3 KHz qui surviennent sur nombre de postes anciens pour diverses raisons. La bande passante assez importante permet de passer une modulation riche en aigus, et la marge de "manoeuvre permet de mieux tolérer les fluctuations de niveau de la parole.

Le choix de la "nouvelle" FM est plutôt pénalisante sur le point de la qualité BF: on ne doit pas transmettre de modulations trop riches en aigus sous peine de risquer de "polluer" les canaux adjacents. les modulations doivent être bien ajustées pour garder de la qualité et une erreur de 1 KHz est déjà très importante, la moindre baisse de niveau sonore se sent beaucoup plus, le moindre excès de modulation aussi: le réglage du micro, et du compresseur de modulation deviennent un peu plus "acrobatiques". Les radioamateurs possédants des appareils mal ajustés, anciens, ou qui ont de la dérive thermique sont lésés. Ces réglages très pointus tendent à mettre sur la touche des appareils excellents mais d'une technologie vieille ou encore les trop rares constructions amateur.

Il y a un compromis, pour la parole entre efficacité, confort, et encombrement qui se situe dans les environs de 14 à 16 KHz de largeur de canal: au dessus il faut augmenter la puissance, en dessous, la bande passante BF est trop faible.
 

Une FM trop étroite ne permet donc pas de transmettre suffisamment d'aigus pour coder la voie, et la limite de l'utilisable (déjà très mauvais!) serait de faire de la FM avec 2KHz d'escursion, pour un espacement entre canaux de 10KHz (cas des postes CB), ou alors en conservant 2.5 à 3 KHz d'escursion mais en limitant la bande passante BF à 2 KHz. dans ces conditions, soit le signal est peu performant et vite noyé dans le souffle, soit le signal est fort, mais sourd (manque d'aigus) et la communication parlée devient problématique, car  les aigus sont indispensables pour coder toutes les voyelles et les consonnes.
L'évolution de la norme 16F3 vers la norme 11F3 dégrade donc un peu la qualité audio. Les nostalgiques de ce type de modulation retrouveront du 16F3 en 430 MHz et au dessus.

une FM trop large nécessite pour un rapport signal/bruit égal une puissance supplémentaire: par exemple la portée d'un émetteur de radiodiffusion de 1KW sur 100 MHz avec une FM large de 150 KHz est identique à celle d'un émetteur de 10W seulement en FM étroite! En moyenne il faut 100 fois plus de puissance en FM radiodiffusion, en pratique 1000 fois plus étant donné que le bruit de fond est plus gênant sur de la musique que sur de la voix.