La croix
Ma "mémé" était une magnifique
grand-mère aux cheveux blancs qui moussaient autour
de son beau visage au regard très bleu ! On aurait
dit une auréole de neige, en permanence autour de sa
tête. C'est à elle que je dois d'avoir bien grandi.
Pendant plusieurs années où nous avions été séparées,
ma grand-mère et moi, nous avions échangé beaucoup
de courrier. J'ai gardé toutes ses lettres dans un
petit carton, et je les ai toujours. Cela fait partie
du mystère qui suit.
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L'histoire que je vais vous
raconter, commence le 4 juin 1961, jour de ma
communion solennelle. Pour la circonstance, elle
m'avait offert une croix en plaqué or, d'une dizaine
de centimètres. Cette croix, je l'ai gardée précieusement
durant toute mon adolescence, je l'avais même fixée
à la tête de mon lit, sur un petit carré de velours
noir.
Ma mémé est morte en 1972, deux ans avant que je
rencontre mon futur époux qu'elle n'a jamais connu.
Lorsque je me suis mariée, bien sûr, cette croix
faisait partie des objets que j'emportais dans ma
nouvelle vie et je me souviens l'avoir mise dans un
petit coffret à bijoux, avec d'autres breloques et je
les ai oubliés.
Puis, j'eus 3 enfants, deux garçons et une fille,
Christine. Je cite son prénom, car je suis certaine
qu'il m'a été "dicté" par ma mémé, c'était
un prénom qu'elle aimait beaucoup, alors que moi, il
me laissait indifférente. Et pourtant, lorsque ma
fille est née, c'est celui que j'ai prononcé alors
qu'un autre prénom était déjà choisi. C'est donc
Christine qui a eu la préférence.
Pour en revenir à la croix que j'avais oubliée, elle
n'était plus dans le coffret à bijoux et étrangement,
je ne l'avais même pas remarqué, d'autant plus qu'entre-temps
il y avait eu plusieurs déménagements.
Lorsque ma fille Christine allait être communiante
elle-même, et étrange hasard encore, un 4 juin, en
préparant les festivités, je repensais à la croix.
Déçue de ne pas l'avoir retrouvée, j'éprouvais un
sentiment de tristesse. Quand une huitaine de jours
avant la cérémonie, mon époux fut pris d'une subite
envie de rangement dans la paperasserie familiale. Il
découvrit, sous un amas d'autres cartons, celui des
courriers que j'avais échangé avec ma grand-mère.
Ravie de sa trouvaille, je me mis à relire les
lettres, une après l'autre, lorsque l'une d'entre elles
me parut bizarrement lourde : je vidai son contenu sur
la table et... aussi incroyable que cela paraisse, la
croix était là !!!
Je suis certaine de ne l'avoir jamais mise dans ce
carton, encore moins dans un courrier. Pourquoi
a-t-elle disparu du coffret à bijoux pour réapparaître
dans cette lettre ? Pourquoi réapparaître la veille
de la communion de Christine ? Et pourquoi mon époux
s'est-il mis à un moment mal choisi, à faire du
rangement ?
Je n'ai qu'une réponse : ma mémé est toujours présente
dans mes pensées, dans mon coeur et près des miens
qui la connaissent comme si elle était toujours en
vie, car je n'ai jamais cessé de parler d'elle.
Elle a voulu me prouver qu'elle était près de moi et
a souhaité que la croix soit portée par Christine,
comme si c'était elle-même qui la lui offrait !
© Mady
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