C’était l’été de 2001. Je suis une fanatique du vélo et il
faut dire que nous avons ici au lac Saint-Jean, la véloroute des
Bleuets, une piste cyclable de 220km qui contourne notre majestueux
lac.
C’était un samedi matin, il faisait très beau et je téléphonai
à mon amie Élayne qui s’était acheté un vélo quelques jours
auparavant. Je lui proposai de partir en vélo d’Alma pour ensuite
se rendre dîner à Métabetchouan, où il y a un petit resto mexicain
et que l’on pourrait manger toutes les nachos qu’on voudrait
puisqu’on allait brûler nos calories.
Je lui expliquai donc le fonctionnement des vitesses de son vélo
neuf. Moi, j’avais tout le costume nécessaire: le chandail moulant
en lycra, la culotte de cycliste cousinée, mais Élayne n’avait pas
eu le temps d’aller magasiner, alors je lui dit de porter des
bermudas et une camisole. Nous étions prêtes à partir.
Nous fîmes quelques arrêts sur le trajet jusqu’à Saint-Gédéon,
car c’était la première fois qu’Élayne faisait du vélo cette
année-là. Mais de Saint-Gédéon à Métabetchouan, il y a environ
une dizaine de kilomètres en ligne presque droite et je demandai à Élayne
si elle pouvait le faire sans arrêt.
Elle me dit: «Pas de problème, vas-y Karoll, je te suis!» Alors
nous sommes reparties, moi en avant et Élayne qui me suivait. Un léger
vent nous caressait le visage, le soleil nous dorait la peau, c’était
le paradis!
A un moment donné, je rencontrai un cycliste et celui-ci, dès
qu’il fut à ma hauteur, perdit un peu le contrôle et failli déraper.
Je passai outre et continuai mais un deuxième cycliste fit la même
chose lorsqu’il me rencontra. (!!!) Je commençais à me poser des
questions lorsque je rencontrai un troisième cycliste, un vieux
monsieur aux cheveux blancs qui s’en venait pas tellement vite. Mais
voici que le vieux monsieur manque se renverser quand il arrive encore
à ma hauteur.
Bizarre! De quoi je pouvais donc avoir l’air? Je vis venir un 4e
cycliste, un pro celui-là juste à voir à quelle vitesse il avançait.
Mais vu qu’il allait plus rapidement, il a presque failli prendre le
côté de la piste cyclable en me dépassant. C’en était trop!
Tout en roulant, je tournai la tête vers mon amie Élayne qui me
suivait pour lui crier: «Kou donc, qu’ont-ils donc tous à vouloir
prendre le clos?» lorsque je fus littéralement projetée dans le
fossé au travers des quenouilles! Et là, pliée en deux, sans me
soucier si j’avais quelque chose, je riais tellement que j’avais
de la peine à prendre mon souffle.
Ce que j’avais vu? Imaginez la scène! Mon amie qui voulait
absolument me suivre avait cette allure: dos courbée, le regard en
avant, pédalant à 20km/heure, les mains tenant fermement son guidon
et....les deux seins complètement sortis de son chandail!..et elle ne
portait pas de soutien-gorge et était très très choyée par la
nature!
Je ne sais pas quelle manoeuvre j’avais faite quand j’ai vu
tout ça, mais le fait était que j’étais dans les quenouilles
priant pour que ma culotte de cycliste soit suffisamment cousinée au
cas où ma vessie ne tiendrait pas le coup... j’en pouvais plus!
Et Élayne, plantée sur le bord du fossé, les seins toujours en
dehors du chandail, toute énervée et qui criait: «Karoll! Karoll!
as-tu quelque chose! Karoll! réponds-moi!!!» J’eus tout juste la
force de pointer mon doigt vers elle et de balbutier ces trois
syllabes: CHECK TES BOULESSSSSSSS!!!!!!
Et là, se voyant vraiment l’allure, elle éclata de rire et
comme elle n’avait pas de culotte cousinée et un léger problème
de retenue, il arriva ce que vous imaginez!!!
Je réussis à sortir des quenouilles, avec juste des petites égratignures,
heureusement car je ne porte jamais de casque de vélo. Faut pas le
dire, mais je ne veux pas avoir l’air d’un Alien avec ces casques
pointus!
Quand on a enfin arrêté de rire assises toutes les deux sur la
piste, il fallait bien trouver une solution pour Élayne car moi je
voulais manger mes nachos. Mais comme je suis prudente, j’ai
toujours un petit sac de 12’’ x 8’’ et contenant tous les
services essentiels:
Une trousse de réparation de pneus, une veste en nylon, un leggings,
une petite paire de gants de laine (le soir des fois c’est pas chaud
pour les doigts) , un appareil photo, des pansements, un baume pour
les lèvres, de la crème solaire, deux oranges, de l’argent au cas
où, une casquette, des serviettes humides, un lecteur CD portatif,
des papiers mouchoirs, un stylo et un calepin, une bouteille d’eau
en surplus.. et une paire de bermudas pour toi Élayne!
Après s’être changée dans le petit bois et avoir ramassé tout
ce qui était en dehors du chandail, Élayne et moi avons pu continuer
notre route mais je vous assure que les épaules me sautaient, fallait
pas que j’y pense! Et que j’avais hâte d’arriver pour aller à
la chambre de bain!!!!