HERGÉ

 

Georges Remi, dit Hergé (Etterbeek, 1907 - Bruxelles, 1983), auteur de bande dessinée belge.

 

Son enfance

Georges Remi est né à Etterbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise le 22 mai 1907. Ses parents, Alexis et Élisabeth Remi, appartiennent à la classe moyenne et vivent à Bruxelles. Ses quatre années d'école primaire coïncident avec la Première Guerre mondiale (1914-1918), alors que la ville est occupée par les Allemands. Le petit Georges montre déjà une grande affinité pour le dessin, les marges de ses cahiers sont remplies des aventures d'un petit garçon aux prises avec l'envahisseur allemand.

Il entame en 1920 ses études secondaires au collège Saint-Boniface, un établissement archiépiscopal où les professeurs sont des abbés. Il entre dans la troupe scoute du collège, où il recevra le nom totémique de Renard curieux. Ses premiers dessins paraissent dans Jamais assez, le journal scout du collège, puis à partir de 1923, dans Le Boy-Scout belge, le mensuel des scouts de Belgique. Dès 1924, il signe ses illustrations de Hergé (RG, ses initiales).

Ses débuts au Vingtième Siècle

En 1925, Hergé est engagé comme employé au service des abonnements au journal catholique (et politiquement très à droite) Le Vingtième Siècle. En 1926, il crée Totor, CP des Hannetons pour Le Boy-Scout belge. Ses parents tentent en vain de lui faire suivre des cours de dessin à l'école Saint Luc. Il effectue ensuite son service militaire en 1926-1927, service durant lequel il continue d'écrire les aventures de Totor pour le Le Boy-Scout belge. À son retour au Vingtième siècle en 1927, son directeur, l'abbé Norbert Wallez, l'encourage à s'instruire et à se cultiver. Hergé effectue pour le journal des illustrations, des portraits, du lettrage, des photographies.

Le Petit Vingtième

En 1928, Hergé est nommé rédacteur en chef du Petit Vingtième, le supplément jeunesse du Vingtième Siècle. Le premier numéro sort le 1er novembre. Il dessine avec un enthousiasme modéré Les Aventures de Flup, Nénesse, Poussette et Cochonne, sur le scénario de Desmedt, un rédacteur sportif du journal... Il découvre dans le même temps les comics américains et leur système de bulles, qui permettent aux personnages d'exprimer leurs pensées ou de parler directement dans le dessin. C'est cette même année qu'il se fiance avec Germaine Kieckens, secrétaire de l'abbé Wallez.

Tintin, Quick, Flupke et les autres

Le 10 janvier 1929, dans le numéro onze du Petit Vingtième paraît le premier épisode de Tintin au pays des Soviets: c'est le début des aventures de Tintin et Milou. Le reporter et son fidèle fox-terrier parcourront le monde pendant plus de cinquante ans. Le 23 janvier 1930, Quick et Flupke, les deux garnements de Bruxelles, font leur première apparition. Le jeudi 8 mai de la même année, Tintin et Milou font un retour triomphal à la Gare du Nord de Bruxelles: Le Petit Vingtième a engagé un figurant pour jouer le rôle de Tintin et publie un reportage relatant cette arrivée; Tintin vient de terminer sa première aventure. Le 9 juillet 1931, fin des aventures de Tintin au Congo: Le Petit Vingtième organise à nouveau une mise en scène à la Gare du Nord, une foule énorme accueille Tintin. En septembre, notre reporter repart pour le Nouveau Monde (Tintin en Amérique). Hergé commence un peu à se documenter, il lit en particulier un ouvrage sur l'histoire des Peaux-Rouges. Le 20 juillet 1932, Georges Remi épouse Germaine Kieckens. En 1934, Casterman, l'éditeur de Tournai, commence à publier les albums de Tintin (jusque là, ce sont les éditions du Petit Vingtième qui s'en chargeaient).

Un tournant décisif: la rencontre avec Tchang Tchong-Jen

Après Les Cigares du Pharaon, Hergé désire envoyer son héros en Chine. On le met en contact avec un jeune chinois, Tchang Tchong-Jen, étudiant à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles. Celui-ci pousse Hergé à s'informer et à se documenter sérieusement sur les pays que visite Tintin. Il le sensibilise à la situation en Chine. À travers Le Lotus Bleu, première aventure de Tintin dotée d'un scénario solide, Hergé prend position en faveur du peuple chinois, qui subit l'occupation japonaise. On est loin des premières aventure de Tintin, où Hergé ne faisait que refléter la mentalité de son époque et de son milieu : l'anticommunisme virulent (Tintin au Pays des Soviets) et le colonialisme paternaliste (Tintin au Congo). Pour Hergé, la bande dessinée devient de moins en moins un amusant passe-temps, et de plus en plus un travail très sérieux.

En 1935, L'hebdomadaire français coeurs vaillants trouve que Tinti n'est forcément un bon modèle pour la jeunesse: pas de parents connus, il ne va pas à l'école, il ne travaille pas... Le journal passe commande à Hergé d'une nouvelle série : Jo, Zette et Jocko. Cinq albums seront publiés. Entre 1935 et 1940, paraissent successivement L'Oreille cassée, L'Île noire (qui fait suite à un voyage d'Hergé en Grande-Bretagne), Le Sceptre d'Ottokar (le récit d'une Anschluss ratée) et Tintin au pays de l'or noir. Cette dernière histoire est interrompue par la mobilisation de Georges Remi, puis par l'invasion allemande de la Belgique. Le Vingtième Siècle et son supplément jeunesse disparaissent. La publication de L'Or noir ne reprendra que huit ans plus tard.

L'occupation

A partir de 1940, Hergé travaille pour le quotidien belge Le Soir, journal contrôlé par l'occupant. Les aventures de Tintin paraissent sous la forme de strips noir et blanc; ce sera Le Crabe aux Pinces d'Or, marqué par l'apparition du Capitaine Haddock, puis L'Étoile Mystérieuse, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge (le récit sur deux volumes d'une fantastique course au trésor, menée avec l'aide d'un nouveau venu, le professeur Tournesol), et enfin Les 7 Boules de Cristal (une variante de la malédiction de la momie). C'est en 1943 qu'il rencontre Edgar Pierre Jacobs. Le futur créateur de Blake et Mortimer aide Hergé à refondre ses anciens albums, pour les coloriser et les faire tenir dans le cadre strict des soixante-deux pages (jusqu'ici, certaines des aventures de Tintin faisaient jusqu'à cent trente pages), en raisons des restrictions dues à la guerre.

La parution des 7 Boules de Cristal sera interrompue le 3 septembre 1944 lors de la libération: tous les journalistes ayant participé à la rédaction d'un journal pendant l'occupation se voient interdire provisoirement toute publication. Pendant cette période troublée, Hergé a écrit des récits d'évasion, évitant de faire référence à la situation politique internationale. On notera cependant que dans la première édition de L'Étoile Mystérieuse, l'expédition internationale à laquelle participe Tintin ne compte que des pays neutres ou membres de l'Axe, et que leur déloyal concurrent est sous pavillon américain et financé par un certain Blumenstein, nom à la fâcheuse (vu le contexte) connotation juive.

Le journal de Tintin et les Studios Hergé

Interdit de publication, Hergé poursuit la refonte de ses anciens albums. En 1946,il est contacté par un ancien résistant, Raymond Leblanc, qui lui propose de créer un journal. Le 26 septembre 1946 paraît le premier numéro de l'hebdomadaire Tintin. De nombreux dessinateurs viennent collaborer au magazine. Les aventures de Tintin se poursuivent: Le Temple du Soleil (qui poursuit l'intrigue des 7 Boules de Cristal), Au pays de l'or noir, Objectif Lune, On a marché sur la Lune. Hergé désirant être particulièrement rigoureux et voulant se documenter au maximum pour ces aventures lunaires, il fonde en 1950 les Studios Hergé. Ces studios compteront jusqu'à une dizaine de collaborateurs qui aideront Hergé dans sa tâche. Les aventures de Tintin continuent d'être publiées dans le journal du même nom :L'Affaire Tournesol, Coke en Stock.

Crise personnelle

Une liaison a débuté en 1956 entre Georges Rémi et Fanny Vlamynck, coloriste aux Studios. Son mariage avec Germaine se brise (le divorce ne sera prononcé qu'en 1960, et Georges ne se mariera avec Fanny qu'en 1977). De plus, Hergé est assailli par des cauchemars récurrents, où tout est blanc. Il consulte un psychanalyste suisse qui lui conseille d'arrêter de travailler. C'est pourtant à travers Tintin au Tibet, sans doute son album le plus sobre et le plus intense qu'Hergé exorcisera ses démons. C'est également à partir de 1960 qu'il découvre l'art contemporain, qui deviendra une passion chez lui.

Tintin sous toutes les formes

Tintin devient un succès mondial. Les ventes d'albums s'envolent, il est traduit en un nombre toujours plus grand de langues, et il commence à intéresser les publicitaires. Tintin est adapté au cinéma, d'abord sous forme de films avec acteurs (Tintin et le mystère de la Toison d'Or en 1960, Tintin et les oranges bleues en 1964). C'est un jeune belge, Jean-Pierre Talbot, qui interprète le rôle de Tintin. Des dessins animés sont ensuite produits par les studios Belvision. On retiendra notamment une adaptation assez malheureuse du Temple du Soleil (1969), et une aventure sur un scénario original de Greg, Tintin et le Lac aux requins, réalisée par Raymond Leblanc en 1972. Simultanément, les parutions des aventures de Tintin s'espacent de plus en plus : Les Bijoux de la Castafiore en 1963, Vol 714 pour Sydney en 1968 et Tintin et les Picaros en 1976. Tintin est moins une priorité pour Hergé, qui se met à voyager: en 1971 il va pour la première fois aux États-Unis, puis il honore en 1973 une invitation faite trente-cinq ans plus tôt par le gouvernement du Kuomintang (pour le remercier de la prise de position en faveur du peuple chinois dans Le Lotus bleu) en se rendant à Taiwan.

Les dernières années

En 1977, Hergé reçoit la médaille de vermeil de la Ville d'Angoulême. En 1978, il est promu au grade d'officier de l'Ordre de la Couronne, à Bruxelles. Il débute cette même année le travail sur un nouvel épisode de Tintin. En 1979, Andy Warhol réalise une série de quatre portraits d’Hergé. En 1980, Georges Rémi tombe malade. Une leucémie sera diagnostiquée par la suite. Il est anémié et très faible. Le 18 mars 1981 ont lieu les retrouvailles entre Hergé et Tchang Tchong-Jen, l'ami chinois qui avait inspiré "Le Lotus bleu" et le personnage de Tchang, le seul qui aura put tiré des larmes à Tintin (Tintin au Tibet).

Hergé s'éteint après une semaine de coma le 3 mars 1983 à la clinique Saint-Luc de Bruxelles. Tintin et l'Alph-Art, la dernière aventure du reporter, paraît sous sa forme inachevée en 1986.

Sources

* Entretiens avec Hergé, par Numa Sadoul, publié aux Éditions Casterman
* Le monde d'Hergé, par Benoît Peeters, publié aux Éditions Casterman

Voir aussi

* La ligne claire
* Les aventures de Tintin et Milou 

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Hergé: l'homme et l'oeuvre

 

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