|
Le 9 juin 721,
près de Toulouse, le duc d'Aquitaine Eudes inflige une sévère défaite aux
musulmans. Sa victoire porte un coup d'arrêt à l'expansion de
l'islam en Occident.
Elle consacre aussi l'indépendance de l'Aquitaine vis-à-vis du monde franc.
L'Aquitaine en pleine gloire
Couvrant l'ensemble du bassin de la Garonne, la région que gouverne Eudes est connue des
Romains sous le nom d'Aquitaine (Aquitania ou pays des eaux, en raison de ses
nombreuses rivières descendant des Pyrénées).
Sa population est plus proche des Basques ou des Ibères d'Espagne que des Gaulois - ou
Celtes - du nord de la Loire.
Le géographe romain Strabon, contemporain d'Auguste, écrit des Aquitains qu'ils «constituent
un peuple totalement à part, non seulement du fait de la langue mais aussi de
l'apparence physique, et ressemblent plutôt aux Ibères qu'aux Gaulois».
Quand l'empereur romain Dioclétien redécoupe les
provinces de l'empire pour mieux les défendre contre les Barbares, la région prend le
nom de Novempopulanie (ou «terre des neuf peuples», par allusion aux tribus
antérieures à la conquête romaine).
En 418, les barbares Wisigoths qui viennent de ravager Rome acquièrent le droit de
s'établir en Aquitaine. Ils font de Toulouse leur capitale (une partie des Wisigoths s'en
est allée plus tard conquérir aussi l'Espagne).
Un siècle plus tard, en 506, le roi wisigoth Alaric II est battu par Clovis, roi des
Francs, à Vouillé, près de Poitiers. Les Wisigoths se retirent en Espagne et
l'Aquitaine entre dans la mouvance des Francs.
En 587, les Basques, aussi appelés Vascons, descendent des Pyrénées et
envahissent la région. Ils donnent leur nom à la Gascogne.
S'appuyant sur la redoutable cavalerie basque, les ducs d'Aquitaine ne tardent pas à
s'émanciper de la tutelle franque jusqu'à devenir indépendants.
Les Aquitains se qualifient de Romains pour mieux se distinguer des Francs du bassin
rhénan, qu'ils appellent Barbares.
En 717, le duc Eudes, un guerrier d'origine obscure, intervient dans la guerre qui oppose
les royaumes francs d'Austrasie (la région de Metz) et de Neustrie (la région de Noyon
et Paris).
Chilpéric II, roi de Neustrie, concède à son allié le titre de roi d'Aquitaine avant
d'être battu à Néry par les Austrasiens, que commande
le maire du palais Charles Martel.
Eudes connaît son heure de gloire sous les murs de Toulouse, face aux envahisseurs
musulmans.
La Reconquête
Dix ans plus tôt, Wittiza, un roi wisigoth d'Espagne, avait été démis de ses
fonctions.
De dépit, il appelle à l'aide un seigneur musulman du Maghreb, Mousa
ibn-Nocair.
Celui-ci lui envoie un corps d'armée berbère commandé par un jeune chef, Tarik ibn
Zyad.
C'est ainsi qu'en avril 711, 6000 musulmans débarquent en Espagne. Le lieu du
débarquement est un rocher qui prendra le nom de Gibraltar (d'après l'arabe «djebel
al Tarik», la montagne de Tarik).
Le 11 juillet 711, sur le Rio Barbate, les disciples de
Mahomet défont les troupes de Rodrigue, le roi wisigoth qui
règne sur l'Espagne chrétienne.
Tirant parti de l'impopularité des Wisigoths et faisant peu de cas de
Wittiza, les
musulmans soumettent rapidement la plus grande partie de l'Espagne.
Ils traversent sans attendre les Pyrénées et se heurtent à Toulouse au duc d'Aquitaine.
La victoire de ce dernier redonne courage aux Wisigoths d'Espagne.
Réfugié dans les monts Cantabriques, leur chef Pélage bat les musulmans à
Covagonda,
près d'Oviedo. Cette bataille symbolise le début de la reconquête de la péninsule par
les Chrétiens (la «Reconquista»).
Un peu plus tard, en 732, Eudes appellera Charles Martel et les Francs à son secours pour
arrêter une nouvelle incursion musulmane. La bataille qui sera livrée près de
Poitiers mettra définitivement un terme à la menace
musulmane en Gaule.
|