Conte Étimologique

 

 

 

Le Secret de Moustique

 Adapté d’un conte micmac.

 

Tonnerre faisait beaucoup de bruit. On le craignait partout. Il obtenait, à cause de sa force, à peu près tout ce qu’il voulait. Mais il ne faisait jamais de mal à personne.

Un jour qu’il voyait Moustique se gaver de sang, il s’approcha de lui et dit :

- Où prends-tu tout ce sang ? Moi, j’en cherche et je n’en trouve pas.

Moustique, qui craignait la puissance de Tonnerre, réfléchit longuement avant de répondre.

« Si je lui dis mon secret, pensa-t-il, il tuera tous les hommes pour avoir le sang qui coule dans leurs veines. » Alors, il répondit :

- Tu vois la grande forêt là-bas. C’est là que je prends le sang. Je pique les grands arbres.

Tonnerre, très content de cette nouvelle, s’écria :

- Merci ! J’y vais !

Aussitôt Tonnerre réunit les gros nuages gris et les éclairs.

- Allez ! Au travail ! leur dit-il. Frappez et crachez le feu !

Les nuages gris et les éclairs foncèrent droit devant eux. Dans un bruit épouvantable, ils frappèrent un rocher de granit.

- Non ! s’exclama Tonnerre. Les rochers n’ont pas de sang. Frappez plutôt ce grand pin.

Les nuages et les éclairs se ruèrent sur l’arbre immense qui se dressait au milieu de la forêt.

Ils réussirent à l’éventrer et à le déchiqueter du faîte aux racines. Mais il ne contenait pas une seule petite goutte de sang.

Tonnerre alla voir Moustique.

- Tu m’as menti, gronda-t-il. J’ai massacré le grand pin et je n’ai pas trouvé la moindre goutte de sang

- Tu as mal choisi ton arbre. Essaye celui-ci, dit Moustique en indiquant un autre pin au pied duquel dormait un porc-épic.

Tonnerre et ses aides entrèrent en action. Ils déchiquetèrent l’arbre en entier et trouvèrent un peu de sang près des racines. Mais Tonnerre n’était pas satisfait. Il ne pouvait croire que Moustique lui avait dit toute la vérité. Il retourna donc le voir :

- Moustique, dit-il, je crois que tu mens. Dis-moi enfin où tu prends le sang dont tu te nourris.

Encore une fois, Moustique hésitait à dévoiler son secret.

« Si Tonnerre tue tous les hommes pour sucer leur sang, il ne me restera rien pour survivre », pensa-t-il.

- Essaye la rivière, dit-il à Tonnerre, tu trouveras ce que tu cherches.

Tonnerre, les nuages gris et les éclairs s’en allèrent à la rivière. Là, ils réussirent à attraper trois saumons mais leur sang ne réussit pas à rassasier Tonnerre.

- Ces poissons sont trop petits, dit Moustique à Tonnerre, dont la colère augmentait. Il te faudrait les gros poissons de la mer.

Alors Tonnerre repartit et provoqua une énorme tempête sur la mer. Avec ses complices, il attrapa un dauphin mais son sang pâle et glacé le dégoûta. Il quitta la mer en furie et arriva chez Moustique.

- Je sais que tu mens, hurla-t-il.

Et sans laisser prévoir son geste, il changea Moustique en grêlon. Il déclencha ensuite une tempête tout aussi violente que la précédente. Elle dura plus d’un mois et secoua les forêts aussi bien que les rivières et la mer. Toutes les régions du pays reçurent des averses de grêle et la foudre brisa plus d’un arbre, éventra plus d’une montagne. Enfin Tonnerre se calma.

Il oublia Moustique et sa quête de sang. C’est pourquoi, aujourd’hui, quand le tonnerre blesse ou tue un homme, on sait que c’est par accident. Car jamais Moustique n’a révélé son secret à Tonnerre.

Mais les moustiques existent toujours et se gavent, comme en ce temps-là, du sang des hommes.

 

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