Humour et Sécurité

Rappel de la loi de Newton

Avant propos

Suite à la tempête qui a sévi récemment, de nombreux radioamateurs ont constaté des dommages plus ou moins importants survenus a leurs antennes. Le calme revenu, il faut procéder à une remise en état. A ce propos il est bon de rappeler que le travail sur pylône nécessite le respect impératif d'un certain nombre de règles de sécurité. Un radioamateur raconte les péripéties de sa tentative d'intervention en date du 1er Avril dernier.

Les faits...

Les beaux jours revenus, je me décide enfin à entreprendre les travaux de remise en état. L'ampleur de ces travaux nécessite que je dispose en haut du pylône d'un lot d'outillage suffisant pour mener à bien cette tâche sans avoir à redescendre et remonter à plusieurs reprises. Comme je suis un grand sportif, pas de problème pour escalader le pylône, cependant il me paraît délicat d'emporter avec moi ma caisse à outils, laquelle pèse une bonne dizaine de kilos.

Soudain une idée de génie me traverse l'esprit. Je me souviens qu'il existe en haut du pylône une poulie solidement fixée qui avait servi au moment de l'installation. Si j'attache solidement une corde de longueur suffisante à la poignée de la boite à outils, il me suffit d'amener en haut l'autre extrémité de la corde que je passerai dans la gorge de la poulie et je pourrai ainsi monter la boite à outils de façon très confortable.

Si tôt dit, si tôt fait. J'escalade le pylône après avoir attaché l'extrémité libre de la corde à ma ceinture. Peu de temps après je suis au sommet. Il ne me reste plus qu'à passer la corde autour de la poulie et à monter la boite à outils. J'ai tout prévu : baudrier, sangles, mousquetons.Toutefois, ma première préoccupation et de rapprocher la boite à outils de sa destination. La poulie se trouve à l'extrémité d'un bras support et je suis bien plus à l'aise pour l'atteindre si je ne suis pas attaché. Fermement accroché d'une main à la structure, je tends au maximum l'autre main tenant le bout de la corde pour passer celle-ci autour de la poulie. Une seule idée en tête : ne pas lacher la corde. Voilà, la corde est passée et j'en tiens fermement l'extrémité.

C'est à cet instant crucial qu'une guêpe, une abeille, un bourdon ou peut être un frelon ou je ne sais quelle autre bestiole vient bourdonner dans le lobe de mon oreille gauche. Le réflexe ne se fait pas attendre, une grande claque de la main réduit à néant l'intrus. A la vitesse de la lumière je réalise l'erreur : c'était la main qui me retenait à la structure. Heureusement, l'autre main tient fermement la corde et par réflexe, la main libre a rejoint la première. Me voilà donc solidement agrippé des deux mains à la corde. Le problème est que j'entame alors une descente à une vitesse qui va croissant (selon la formule bien connue v = gt).

A un certain moment je vois la caisse à outils décoller puis s'élever, elle aussi à une vitesse croissante. On pourrait sans doute démontrer que sa vitesse est en valeur absolue la même que la mienne mais visiblement de signe opposé. Cela a un côté rassurant car la caisse à outils se dirige vers sa destination. L'inconvénient réside dans le fait que je me dirige vers le bas alors que le but de l'opération était que nous fussions ensemble sur le lieu de l'intervention. Cela me rappelle aussitot un problème dans lequel il est question de loup, de chèvre et de chou auxquels il faut faire traverser une rivière. Dans mon cas, la solution doit être plus facile car il y a une variable en moins. Par contre, la poulie ayant une dizaine de centimètres de diamètre, nos itinéraires respectifs sont très proches (et il n'y a pas d'aiguillage).

A ce stade de mes cogitations je croise la caisse à outils. Un choc violent sous le menton, suivi immédiatement et quasi simultanément d'un choc non moins violent mais plus douloureux, sous le nez, m'éloigne des réalités présentes. Je suis complètement sonné. Une fraction de seconde plus tard, j'atteint le sol. Le choc est rude et je lâche la corde. Mon souci présent est de tenter de me remettre en polarisation verticale et d'essayer de faire quelques pas. Au diable la caisse à outils, je la rejoindrai dès que je serai en état de le faire.

J'en suis là de mes réflexions lorque, brutalement et sans aucun signe avant-courreur, je vois des lumières dans ma tête, puis le noir absolu pendant plusieurs secondes qui me paraissent une éternité. Puis la vision se rétablit, la première chose que je vois c'est, autour de moi, des dizaines d'outils éparpillés. Je réalise alors comment s'est déroulé le dernier épisode de cette épopée. La corde n'étant plus maintenue, la caisse à outils n'avait d'autre alternative que d'entamer une descente accélérée (voir formule ci-dessus). Comme je stationnais inconsidérément à l'endroit de son futur point de chute, elle ne m'a pas raté.

Résultat des opérations : plusieurs semaines d'incapacité. Conditions idéales me direz-vous pour avoir enfin le temps de trafiquer. Avec mes deux bras dans le plâtre, je devrais peut-être songer à faire l'acquisition d'un combiné mains libres. Encore que vu l'épaisseur des bandages que j'ai autour de la tête je ne suis pas sûr d'en trouver un de la bonne taille.


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