Rédiger en anglais

by Robert L.E. BILLON

Avant-propos

Il faut d'abord démystifier l'anglais dont l'expansion n'a rien à voir avec sa prétendue facilité, ni même avec le nombre de personnes dont c'est la langue natale. L'anglais n'est que la troisième langue natale mondiale, après le chinois mandarin et l'espagnol. Il n'est la langue natale que d'environ 5,4% des habitants de notre planète. Il y a expansion linguistique lorsque un pays parvient à une domination économique, scientifique et culturelle, lesquelles se soutiennent mutuellement. Certes, il y a la nécessité d'utiliser une langue unique pour se comprendre. En effet, à part dans les films porno, les gens qui ne parlent pas la même langue ne font jamais rien ensemble. L'espéranto dont la structure est logique et réguliére, s'apprend dix fois plus vite que les langues réputées faciles et aurait pu être ce vecteur commun. Il n'avait, hélas, ni commerce, ni armée, ni marine pour le soutenir.

-- Inspiré par Guillaume Lecointre, Charlie Hebdo, Mercredi 25 Juin 2003

1. Où parle-t-on anglais ?

La langue anglaise a connu une expansion mondiale, principalement au cours du XX ème siècle. En France elle couramment enseignée comme deuxième langue.
Voici un apperçu de l'étendue actuelle de l'anglophonie :

Langue officielle et première langue :
Royaune Uni, République d'Irlande, Canada (sauf le Québec et une partie du Nouveau Brunswick), Australie, Nouvelle Zélande, Afrique du Sud (minorité de descendance européenne), Etats Unis.
Ce qui représente environ 354 millons de personnes.

Langue officielle (seule ou avec d'autres langues), souvent seconde langue langue :
Europe : Gibraltar, Malte, Gozo
Afrique : Afrique du Sud, Botswana, Gambie, Ghana, Kenya, Lesotho, Libéria, Malawi, Namibie, Nigeria, Ouganda, Sierra Leone, Swaziland, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
Mer des Antilles : Antigua et Barbuda, La Barbade, Belize, La Dominique, Grenade, Jamaïque, St Christopher et Nevis, Ste Lucie, St Vincent et Grenadines, Trinité et Tobago, Anguilla, îles Vierges, îles Caïmans, Montserrat, Turks et Caicos.
Océan Atlantique : Bahamas, Guyana, Bermudes, Ste Hélène, Falkland.
Océan Indien : Maldives, Maurice, Seychelles.
Asie : Sri Lanka, Singapour, Hong Kong.
Océanie : Fidji et Pitcairn, Kiribati, Nauru, Nouvelle Guinée, Salomon.
Soit au total 312 millons de personnes.

Langue véhiculaire ou langue d'enseignement
Asie : Bangladesh, Bruneï, Malaisie, Pakistan, Myanmar.
Moyen Orient : Israel
Afrique : Soudan, Egypte
Océanie : Vanuatu

2. Les bizarreries de l'anglais

On connait en français le problème des homographies. Par exemple "les poules du couvent couvent". Elles sont encore plus nombreuses en anglais, mais comme en français, le sens de la phrase permet habituellement d'éliminer les ambiguités.
Voici quelques exemples :

  • The bandage was wound around the wound.
  • The farm was used to produce produce.
  • The dump was so full that it had to refuse more refuse.
  • We must polish the Polish furniture.
  • He could lead if he would get the lead out.
  • The soldier decided to desert his dessert in the desert.
  • Since there is no time like the present,
    he thought it was time to present the present.
  • A bass was painted on the head of the bass drum.
  • When shot at, the dove dove into the bushes.
  • I did not object to the object.
  • The insurance was invalid for the invalid.
  • There was a row among the oarsmen about how to row.
  • They were too close to the door to close it.
  • The buck does funny things when the does are present.
  • A seamstress and a sewer fell down into a sewer line.
  • To help with planting, the farmer taught his sow to sow.
  • The wind was too strong to wind the sail.
  • After a number of injections my jaw got number.
  • Upon seeing the tear in the painting I shed a tear.
  • I had to subject the subject to a series of tests.
  • How can I intimate this to my most intimate friend?
  • An emergency network in the event of catastrophic events.
  • How much wood would a woodchuck chuck if a woodchuck could chuck wood ?.

On peut, dans certains cas aboutir à des textes complètement surréalistes.

Voici à titre d'exemple un petit texte en français

Trois sorcières regardent trois montres Swatch.
Quelle sorcière regarde quelle montre ?

... et maintenant sa traduction en anglais

Three witches watch three Swatch watches.
Which witch watch which Swatch watch ?

On peut encore faire mieux...

Trois sorcières travesties regardent
les boutons de trois montres swatch.
Quelle sorcière travestie regarde
les boutons de quelle montre Swatch ?

Et en anglais...

Three switched witches watch three Swatch watch switches.
Which switched witch watch which Swatch watch switch ?

Bonjour la prononciation !

Il faut aussi savoir que certains mots utilisés pour désigner des animaux vivants (pig, cow, calf, sheep, deer), sont différents de ceux utilisés pour désigner ces mêmes animaux lorsqu'ils sont servis à table (pork, beef, veal, mutton, venisson). On constate une transformation non seulement culinaire, mais aussi orthographique.

3. Unité et diversité de l'anglais

La prononciation de l'anglais est très variable d'un pays à l'autre et même d'une région à l'autre dans un même pays. Par contre son écriture est pratiquement standardisée. On notera cependant un certain nombre de particularismes qui distinguent l'anglais UK de l'anglais US. Dans le cas de la langue écrite, cas qui nous concerne ici, il faut être attentif à choisir les mots qui ne conduisent à aucune ambiguité. On peut aussi en préciser le sens par une explication complémentaire entre parenthèses.
Voici quelques uns de ces particularismes :

FrançaisUKUS
couleurcolourcolor
blécornwheat
maïsmaize, Indian corn corn
fritesmaize, chipsFrench fries
pommes chips crispspotato chips
note (de restaurant) billcheck
boîte de conserve tincan
orduresrubishgarbage
rez-de-chausséeground floorfirst floor
premier étagefirst floorsecond floor
ascenseurliftelevator
trottoirpavementsidewalk
automneautumnfall
vacancesholidaysvacations
aller simplesingle ticketone-way ticket
billet aller et retour return ticketround trip ticket
essencepetrolgas, gasoline
camionlorrytruck
métrotube, undergroundsubway
smockingdinner-jakettuxedo
gommerubbereraser
robinettapfaucet
soutien-gorgebrabra, brassière
bretellesbracessuspenders

Du fait de sa localisation géographique, l'anglais canadien est un anglais américain. Il est à noter que les canadiens préfèrent le robinet anglais (tap) ainsi que les bretelles anglaises (braces). Pour des millions de personnes dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, mais usuelle dans le pays, (Nigeria, Pakistan, Bangladesh, ...), le problème de la norme à enseigner se pose avec acuité et n'est pas résolu.

4. Les idiotismes

Concernant l'anglais on parlera plus précisément d'anglicismes. Ces constructions de phrases propres à une langue et que les programmes de traduction sont bien incapables de traduire correctement. Dans ce domaine, la pratique est irremplaçable. Voici quelques exemples :

A vol d'oiseauAs fly the crow
Faire d'une pierre deux coupsKill two birds with one stone
Ca ne mange pas de painIt does not hurt
Barbe à papaCotton candy
Ce qui me passe par la têteWhat ever pops into my head
Avoir la chair de pouleTo have the goose bumps
Je tire mon chapeauI tip my hat
Mettre les points sur les i'sTo dot the i's and cross the t's
Mettre la charrue devant les boeufsTo put the cart before the horse
Chat échaudé craint l'eau froideOnce burned, twice shy *
Chat échaudé craint l'eau froideOnce bitten, twice shy **

* Selon Bryan Hayes, American Scientist, July-August 2012
** Selon Harrap's Shorter dictionary


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5. Pour conclure...

Si l'on souhaite communiquer avec un public très large, sur des sujets d'intérêt général et non pas seulement local, on aurait grand tort de se priver de l'anglais. Il suffit de suivre l'exemple, scientifiques, astronomes, radioamateurs, communiquent tous les jours en anglais. Tout comme en d'autres temps ce fut le cas pour le latin, puis le français. Il faut bien reconnaître cependant que l'anglais habituellement utilisé dans ce contexte n'est, le plus souvent, qu'un sabir d'intercommunication, sans prétention littéraire et ayant perdu les subtilités de la langue d'origine.

Bibliographie

Henriette Walter : L'aventure des langues en Occident, Ed. Robert Laffont, ISBN 2-253-14000-7

François Carlier : Anglais ou Américain ? Les différences à connaître, Ed. Assimil, 2001, ISBN 2-7005-0292-2

Arlette Ducourant, George Mutch : Tit for Tat, Ed. Magnard, 1990, ISBN 2-21045101-9

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File: anglais.html, 2002-09-06 - Robert L.E. Billon - Last update: 2012-08-08